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Nous vivons une période singulière, inédite pour les generations d'après guerre qui avons vu nos droits et capacités (globalement) croître jusqu'à pouvoir nous étourdir et nous illusionner sur le fait que toutes les limites allaient pouvoir être franchies. Nous sommes passés de New frontier à No frontier ... Même la mort semble pouvoir (pour certains) être défiée. Avec les conséquences que nous savons sur la planète.

Nous voici aujourd'hui heurtés de plein fouet par cette crise sanitaire qui nous rappelle notre fragilité d'humains, notre mortalité, qui nous oblige à remettre en question nos habitudes de consommation effrénée, et qui ce faisant, fait apparaître de plein fouet la dépendance de notre confort et de nos habitudes de vie à cette frénésie de consommation.

Nous pouvons continuer à espérer que tout cela (le confinement, les restrictions, les morts faute de matériel adéquate dans les hôpitaux ...) ne durera que quelques semaines : à peine le temps de se reposer, de faire un grand ménage, de trier (enfin) nos papiers, de regarder quelques séries sur netflix et/ou de lire tous les livres en retard que nous avions à côté de notre table de chevet. So far so good. Après quoi, business as usual, faudra rattraper le temps perdu et relancer vite la machine économique. Et nous serons libres de critiquer le gouvernement qui n'a pas bien réagi (trop ou pas assez selon l'issue de la crise) et de féliciter le dévouement des soignants ou critiquer leurs arbitrages éthiques parce que nous aurons perdu un proche du covid ou d'autre chose.

Mais il n'est pas exclu : 1/ que cela dure plus longtemps, 2/ que cela nous invite (force?) à repenser nos modes de vie. Gloups ...

Et si nous arrêtions de vouloir voyager dans tous les sens, à tout moment, exigeant qu'aucune limite ne soit posée à notre agitation ? Et si nous acceptions de payer un peu plus cher pour que ce que nous achetons soit produit à côté de chez nous plutôt qu'à l'autre bout du monde ? Et si nous arrêtions d'être le nez sur nos ordi, tablettes et smartphones (écrit celle qui est devant son écran à écrire ce billet :-))) pour prendre soin de notre santé, de celle de nos proches ?

Et si nous décidions que le sport national consistant à critiquer tout, tout le monde, y compris soi même, se transforme en un concours de bienveillance et d'esprit positif ? Que notre frénésie de consommation se transforme en frénésie d'attention à l'autre, à l'environnement, à l'ensemble du vivant ? qu'à la place de virées dans les centres commerciaux nous passions nos week ends à débarrasser les berges des rivière, les bois, les parcs en ville de tout ce que notre désinvolture d'enfants gâtés y laisse (plastiques, canettes, mégots ...) à charge pour les personnes chargées de la propreté de les ramasser (puisque nous avons du temps profitons pour voir et revoir si possible le magnifique docu de Mireille Dumas sur ce thème : Des ordures et des hommes) .... ou aux créatures marines de les avaler au bout de leur long périple (et oui, tout ce qui n'est pas ramassé termine dans la mer ....) et dans bien des cas d'en mourir.

Et si nous faisions passer le message à nos gouvernants, peut être y sont ils prêts, que toujours plus de richesses n'est pas l'objectif de nos courts passages sur Terre ? que la même richesse un peu mieux répartie nous suffirait ? que pour cela nous sommes prêts à payer plus cher et consommer moins car cela redonnerait du travail à plus de monde ? que nous sommes prêts à payer plus cher le kilo de pommes de terre ou le litre de lait pour que nos agriculteurs vivent mieux et travaillent mieux (et puissent vivre mieux avec leurs animaux) ? et si nous faisions passer ce même message aux groupes de distribution qui sont de grands artisans de cette industrialisation délétère ? et si nous refusions les diktats des législateurs qui produisent des réglementations hyper contrôlantes ne permettant plus à de petits entrepreneurs/producteurs de vivre correctement de leur savoir faire ... sans pour autant nous protéger du covid 19 ni des crises financières et économiques ?

Et si nous acceptions que vivre comporte un peu de risques au lieu de rester dans l'illusion que toujours plus de lois, de réglementations, de contrôles pourraient nous faire l'économie de tout problème ?

Et si nous prenions le pari d'une grande révolution, non pas celle des têtes qui tombent, mais le révolution intérieure, celle qui nous oblige à nous regarder ... sans complaisance et avec lucidité : qu'est ce qui est vraiment important pour moi ? l'ensemble de mes actes, de mes paroles, de mes décisions est il en conformité avec ce que je considère comme le plus important dans ma vie ? car si je suis concerné.e par l'environnement, il va bien falloir que j'arrête de mettre du round up dans mon jardin, de prendre l'avion à chaque fois que je pars en vacances, d'acheter du mobilier de jardin en bois exotique (et arrêter de croire aux labels FSC : quand on achète pour quelques centaines d'euros des meubles en bois massif venant de l'autre bout du monde ... le FSC n'est pas crédibles les amis !), de manger de la viande tous les jours (l'élevage est la 1ère ou 2ème cause de la déforestation d'un côté et de production de gaz à effet de serre de l'autre, sans même parler de la consommation d'eau) et d'acheter des tomates en hiver? Si je suis concerné.e par la bienveillance entre humains, il serait bien d'arrêter d'acheter des jeans fabriqués par des enfants on ne dira pas où, de passer mes journées sur mon ordi (dit celle qui ... ), de scruter les réseaux sociaux en quête d'affaires croustillantes qui ne sont bien souvent que de gigantesques machines à broyer des individus (n'est ce pas Benjamin ?) (ce qui n'exclut pas que les délits et crimes soient fermement dénoncés et jugés ... par la justice, c'est son job, on paie pour ça) ou de se réjouir de truquer le fisc parce que ce n'est jamais le fisc qui est lésé, le fisc ça n'existe pas .... c'est l'ensemble des personnes qui bénéficient de la répartition qui est lésé dans ce cas.

Bon, j'arrête là, vous avez compris l'esprit de ce billet : calons nos priorités, et essayons d'être cohérents dans nos actes. Un job à plein temps ! quelle chance, nous avons plein de temps devant nous, et plein d’opportunités pour réfléchir et échanger. Vu comme cela, le défi des semaines et mois à venir peut être stimulant. Perso, je ne connais pas de meilleur anxiolytique que de me mettre au travail. Et de me dire (espérer) que nous serons (peut être) plus sages après qu'avant.

C'est ce que je nous souhaite ! Prenez soin de vous et des autres.

 

Voir l'article de Mathieu Ricard : https://www.matthieuricard.org/blog/posts/donner-a-chaque-instant-sa-vraie-valeur

... et l'interview d'Edgar Morin pour l'Obs : https://www.nouvelobs.com/coronavirus-de-wuhan/20200318.OBS26214/edgar-morin-le-confinement-peut-nous-aider-a-commencer-une-detoxification-de-notre-mode-de-vie.html?fbclid=IwAR0CTdJLeMSEvuHefM9i_H-DFBxyA6mKrLYSp7fIQvybqAzTh1aUajYhb0g

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